Dans l’Ouest canadien, le* Saskatchewan est au beau milieu de la région des Prairies, et comme l’Alberta, la province voit sa faune et sa flore largement dévastée par l’industrie, minière cette fois-ci puisqu’elle compte sur son territoire la plus importante mine d’uranium au monde… et par là même le plus de métaux lourds dans ses rivières et l’air, et dans ses animaux. « Attention Houston, tu nous fais une rechute! » C’est vrai, on va davantage s’intéresser ici à ce qui peut sortir de l’ordinaire, qui nous faire sourire ou tout simplement qui donne envie d’aller plus loin. Vous pensiez qu’on se laisserait dévoyer, mais il n’en est rien. On a fouillé un peu, retourné les endroits, et on vous emmène voir des choses un peu singulières, pas toujours belles mais tellement indispensables au paysage. Suivez-nous, c’est par là.
1. The Crooked Bush (arbustes tordus).
Dans le plus pur des styles burtoniens voilà que pendant des années de petits trembles ont poussés de façon biscornue, pour qu’à l’ère du tout OGM canadien certains puissent dire « Tout ceci n’est pas très naturel! » Non pas du tout. Ces peupliers qu’on serait en droit d’attendre fiers comme des « i » se contorsionnent en un lent mouvement déstructuré pour qu’à l’ère de l’abstraction certains puissent dire « Le futurisme vient de là, Boccioni n’a rien inventé! » Non, encore loupé. La nuit venue, c’est une atmosphère bien étrange et lugubre qui s’en dégage où l’on peut entendre ces quelques mots… qu’une forêt de ronce devienne son tombeau… pour qu’à l’ère des licences libres certains puissent dire « Aucune imagination chez Disney, sont allés jusqu’à piller ce bon vieux Charles Perrault! » Non plus, soyez sérieux, êtes-vous vraiment prêt à avaler n’importe quoi? Résumons: ces arbres ont pour nous quelque chose de magique, ils nous parlent.
Pour du break dance végétal, du break dance figé, il faut se rendre à Speers.
2. Le barrage hydroélectrique de LaColle Falls.
Laissez-moi vous narrer l’histoire de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf… Ah, paraît-il qu’un certain Jean de l’a déjà fait. Bon, qu’à cela ne tienne. Dans la petite ville de Prince Albert, nous sommes au début du XXème siècle, les notables du cru voyaient leur petite bourgade comme la nouvelle Babylone. En pleine expansion et en plein essor économique, il fallait se suffire à soi-même, n’y voyez là aucune suffisance, et pourvoir à ses besoins énergétiques sans cesse grandissants. Tiens, une rivière non loin! Et si on se faisait un p’tit barrage hydroélectrique? L’idée fit son bonhomme de chemin, qui, quant à lui, creusa le sien dans les finances de la ville. Enfin, la bourgade. 3 millions de dollars (de l’époque) partis plus loin dans le lit de la rivière Saskatchewan emportés par le courant, au bord du gouffre, Prince Albert laissa son barrage de LaColle Falls en plan… de quoi vous permettre d’entreprendre une session de rurex (exploration rurale) intéressante.
Quelques indications du cru pour s’y rendre: Roulez à l’est de Prince Albert sur environ 6 km et tournez vers le nord sur River Road. Conduisez environ 35 bornes et tournez au nord sur le panneau indiquant La Colle Falls. À la courbe de la route, descendez le chemin à travers les arbres qui suit la rivière jusqu’à ce que vous atteigniez le site du barrage. Et mettez des bottes!
3. Le T.Rex Discovery Centre.
Construit à flanc de colline, ce centre paléontologique offre une vue magnifique sur le paysage alentour même si l’on y va d’abord pour les collections qu’il renferme, et LE spécimen que tous les petits garçons (ou presque) chérissent lorsqu’il s’agit de dinosaures: un T-Rex (on ne s’y attendait pas), Scotty, l’un des fossiles de cette espèce les plus complet au monde (75%, c’est précis). Perso, petit j’étais plus impressionné par les tricératops mais on ne va pas boudé son plaisir, Scotty envoie du lourd. Dans le centre il y a plusieurs expositions à voir, des films et tout un tas de choses qui raviront les plus jeunes puisque c’est très ludique, mais pas seulement, on s’y instruit également. On peut effectivement en apprendre beaucoup sur la riche histoire fossile de cette région du Saskatchewan, alors on n’hésite pas trop longtemps avant de décider de s’y rendre et on suit les panneaux, c’est très bien indiqué.
Pour voir quelques restes des acolytes de Denver: 1 T-rex Drive, à Eastend.
4. Le bateau des prairies.
Le Sontiainen est un bateau qui ne voguera plus jamais, sauf dans les songes de son créateur. Mais c’est aussi et avant tout l’histoire et le projet complètement fou d’un homme, Tom Sukanen, ce scandinave débarqué dans les prairies canadiennes à la poursuite de ses rêves, dont le dessein devait pourtant le voir naviguer partout, tout le temps, et ainsi pouvoir enfin rentrer dans sa patrie: la Finlande. C’est que sa vie connut bien plus qu’un simple soubresaut. Entre famille abandonnée, Grande Dépression, une ferme en ruine, du chêne et de l’acier, l’existence de Tom est à l’image de son époque. Dure, et avec ses cicatrices. Vous la découvrirez en visitant ce qui est aujourd’hui le symbole de ceux qui suivent leurs rêves, même lorsqu’ils sont impossibles. Le Sontiainen de Tom Sukanen est de ceux-là, et il existe.
6 minutes qui résument tout: Shipbuilder.
Où se trouve-t-il? Au sud de Moose Jaw sur la route n°2: à SK-2 Bushell Park. Suffisait de demander.
5. Paperclip Cottage Café.
Quand un montréalais, Kyle MacDonald, se met à jouer à « bigger and better » (on échange un petit objet contre quelque chose de mieux et de plus grand), naît alors la plus belle histoire d’un petit trombone rouge qui mènera son détenteur à devenir propriétaire d’une véritable maison. Et( cette dernière, elle est à Kipling, au Saskatchewan! Sur son blog, Kyle a relaté tout son parcours, et les médias ont beaucoup parlé de lui. Il postait sur craigslist une annonce et assurait se rendre n’importe où dans le monde pour échanger un objet… « C’est ainsi qu’il va sillonner le continent américain pour une pompe à bière, un skidoo, une camionnette, un contrat avec une maison de disques pour enregistrer un CD, puis une année de location gratuite à Phoenix, et même un après-midi avec son idole le chanteur Alice Cooper. » Il échange cette journée contre une boule à neige Kiss, celle-ci contre un rôle dans un film, puis le rôle contre une maison fraîchement rénovée à Kipling (proposée directement par la municipalité… qui tenait là un vrai coup de pub!). Le Paperclip Cottage Café, c’est justement cette maison, le point final d’une aventure complètement folle… cela aura pris un an, de juillet 2005, à juillet 2006.
Pour ceux qui se demanderaient, oui, il s’agit bien du trombone original sur la photo!
Un p’tit caf? Au 503 Main Street, à Kipling.
Source: agoravox.
Bonus: Mac l’orignal.
Mac est le plus grand animal de son espèce au monde, mais aussi le plus laid. C’est un orignal. Né en 1984 de l’inspiration créative et pas forcément esthétique de Don Foulds, Mac est très grand, près de 10 mètres, très vilain et très laid. Il regarde la Transcanadienne, il te regarde, avec ses yeux d’orignal le plus grand au monde, et le plus laid. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre dit le dicton, mais le touriste si avec un orignal laid, mais grand, le grand du monde.
C’est à peu près tout pour Mac, c’est déjà beaucoup.
Pour caresser son beau pelage brun lorsqu’il n’est pas repeint en bleu (pour se confondre avec l’horizon): 155 Thatcher Drive, à Moose Jaw (l’endroit lui était prédestiné).
*Dans ce post, on dit « le » Saskatchewan au lieu de « la » Saskatchewan… c’est comme ça, c’est assumé. Un peu comme « le » ketchup, au lieu de « la » ketchup…
Crédits photo: (1) wallpaperweb; (2) Atlas Obscura; (3) PAHS; (4) Tourisme Saskatchewan; (5) ancestry; (6) Kyle MacDonald; (7) Thomas Bartlett.
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Aymeric
8 août 2017 at 17:11
Qu’il est laid ce Mac 😉
Houston MacDougal
9 août 2017 at 01:13
Je ne peux pas dire le contraire…
Cédric
22 avril 2019 at 01:58
Tout craspouille ce Mac
Rocco
28 juillet 2019 at 19:44
Very very ugly
😉
Mac Gyver
22 avril 2018 at 09:35
Aaah les Prairies, ce vaste plat où règne le rien dans toute son infinité et tout son absolu! Fait plaisir de voir qu’en fait il y a un ou deux trucs marrants à voir!
Véronique
7 février 2021 at 07:25
Le coup du trombone de Kyle ça a tellement été copié par la suite!
SyBe
9 janvier 2023 at 12:29
Ah, le coup du trombone « bigger and better » ! Nos petits-enfants appellent ça « le jeu du troc patate ». Au départ, ils partent avec une patate et font des échangent tout l’après-midi avec le club ados, dans tout le camping. Et vous savez quoi ? Eh, bien, cela fonctionne admirablement bien.