Si l’on connaissait davantage le Yukon pour la ruée vers l’or du Klondike* qu’il a suscité à la fin du XIXème plus que tout autre chose, l’imaginaire collectif retient désormais ces mots: nature sauvage. Et à raison, le territoire est vaste (un peu moins grand que l’Espagne, à titre de comparaison) et préservé puisque l’homme n’a (presque) pas encore su dompter ces grandes étendues vierges. Il faut dire qu’avec moins de 35.000 habitants, le Yukon n’étouffe pas sous l’urbanisation galopante, ce qui laisse à sa faune et sa flore le loisir de s’exprimer. Sauvage on vous dit, comme les ours noirs qu’on peut croiser au bord des routes face à l’immensité des paysages. Sauvage comme ses fleuves à la fonte des neiges, ou comme le froid sur sa peau en hiver, mais sous le vert d’une aurore boréale. Mais alors, comment s’y rend-on?
En prenant la route.
Il faut se rendre à l’évidence, il n’y a pas 36 façons ni 36 itinéraires différents pour se rendre au Yukon par la route. La faible densité de population fait qu’on a besoin de seulement quelques grands axes, et c’est à peu près tout. Les plus courageux et aventuriers opteront pour le stop, et ces pouceux prendront leur mal en patience parce que niveau trafic pour se rendre là-bas, c’est pas le périph parisien à la sortie des bureaux. Armez-vous de patience, soyez frais et sentez bon. La base. Les plus fauchés ou ceux qui vouent un culte à l’ami Kerouac, prendront la peine de monter dans un car de chez Greyhound. Il y a des départs de plusieurs villes et de très loin au Canada, on pense à Montréal. Comptez plusieurs jours de traversée du pays avec plusieurs correspondances et un environnement spartiate, voire hostile. Pas le temps de se laver correctement, pas le temps de trouver la bonne position pour dormir… Les plus équipés quant à eux prendront leur voiture ou leur moto, et les plus entrainés leur vélo.
Pour tous ceux-là, il leur suffira d’emprunter:
- La Route de l’Alaska (Yukon 1): La plus connue, la plus impressionnante aussi, c’est un voyage au long court à elle seule avec ses presque 2.500 km. Elle relie Fairbanks en Alaska, à Dawson Creek en Colombie-Britannique. On pourrait en écrire tout un billet, et ça tombe bien, nous l’avons fait! Après on ne va pas se mentir, vous avez les chances d’entrer au Yukon par cette route.
- La Klondike Highway (Yukon 2): Sur les traces des chercheurs d’or depuis Skagway en Alaska (voir infra).
- La Haines Highway (Yukon 3): C’est la route la plus à l’Ouest au Yukon. Elle part de Haines en Alaska, un peu plus au Sud de Skagway sur la côte, puis remonte en passant par la Colombie-Britannique jusqu’à Haines Junction au Yukon où elle finit son tracé en se fondant avec la Route de l’Alaska.
- La Dempster Highway (Yukon 5): Depuis Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest, elle rejoint la Klondike Highway à l’est de Dawson. On entre au Yukon par là quand on aime l’arctique! Prévoir une roue de secours, ou deux, sur cette longue (très longue: plus de 700 km) route en gravier.
- L’Atlin Road (Yukon 7): Elle relie Jakes Corner sur la Yukon 1 à Atlin, sur les rives du lac du même nom en Colombie-Britannique. Si vous venez d’ici, c’est que vous arrivez de nulle part, ou d’un trou paumé dans la pampa. Ça peut aussi avoir son charme.
- La Top of the World Highway (Yukon 9): Vantée comme étant la route la plus septentrionale d’Amérique, force est d’admettre que c’est vrai. Son nom lui vient simplement de son altitude puisqu’elle traverse les montagnes sur quelque 130 km qu’il vous faudra parcourir avec prudence. Pas de goudron, pas de glissière de sécurité, mais votre concentration à toute épreuve malgré la beauté alentour. Du coup, faites des pauses pour en profiter! On se retrouve ici lorsqu’on est passé par Chicken en Alaska. Fermée en hiver. Fort heureusement.
Quelques règles doivent être respectées si vous prenez le volant. Outre celles qui ont trait à une conduite sécuritaire, rappelez-vous qu’au Yukon on roule toujours les feux allumés. Soyez prévoyant aussi, les distances sont longues et les points de ravitaillement d’essence peu nombreux. Faites le plein dès que vous en avez l’occasion et vérifiez l’état de votre véhicule: les routes, pas souvent bitumées, peuvent un calvaire pour vot’ char.
D’une croisière vers le rail.
Si le Yukon n’a qu’une frontière maritime au Nord, il est quand même tout à fait possible de se rendre sur le territoire par voie maritime depuis l’Alaska. Le port isolé de Skagway n’est en effet qu’à deux petites heures de Whitehorse, l’occasion pour vous de prendre le large en amont de votre voyage, au départ de Prince Rupert en Colombie-Britannique avec l’Alaska Marine Highway. On pourrait alors se dire que depuis Skagway, il nous suffit de rouler sur la Klondike Highway (Yukon 2) jusqu’à Dawson, et profiter des paysages empruntés par les prospecteurs de la ruée vers l’or, mais il n’en est rien. Quoique ça reste une possibilité envisageable, mais on a en réalité une autre idée en tête.
On privilégie plutôt, en bon touriste flemmard puisqu’on aime à se laisser porter, la voie de chemin de fer menant jusqu’à Carcross, depuis la petite bourgade d’Alaska justement: la White Pass Yukon Route. L’occasion de franchir le col White sans trop d’efforts, ne faisant que profiter du panorama grandiose que ce genre d’expédition peu fournir. Attention, ce train touristique n’est accessible qu’aux beaux jours, c’est-à-dire de mai à septembre. Dans un futur peut-être pas si éloigné, le trajet rouvrira jusqu’à sa destination originelle, Whitehorse.
La voie des airs.
Mode de transport le plus simple et le plus rapide, pourvu qu’on ait les finances adéquates, l’avion permet au touriste voyageur que vous êtes de vous rendre facilement au Yukon. Des lignes aériennes régulières relient Whitehorse, la capitale, depuis de grandes villes canadiennes, mais pas que, pourvu qu’on prenne les correspondances appropriées.
Depuis Vancouver (BC), Kelowna (BC), Calgary (AB), Edmonton (AB), Ottawa (ON) et Yellowknife (NT), cette compagnie yukonnaise vous fait poser le pied à Whitehorse toute l’année.
Sous la houlette de Jazz Air (qui opère les vols régionaux pour Air Canada Express), c’est dans de petits appareils (entre 50 et 75 sièges) que vous pourrez vous rendre à Whitehorse.
De fin mai à mi-octobre, WestJet relie Vancouver à Whitehorse plusieurs fois par semaine.
En partant d’Europe, soyez convaincu qu’il faudra lâcher un gros billet, et ce malgré la démocratisation du transport aérien. En pleine période estivale, il n’est pas impossible que ce dernier comporte 4 chiffres, mais d’un autre côté, on ne fait pas ce genre de voyage tous les jours. Si vous avez les moyens, enjoy!
Source: Tourisme Yukon.
*Pour nous, c’est Jack London et Croc-Blanc qu’il faut remercier.
Crédits photo: (1) freestock; (2) maps.com; (3) White Pass & Yukon Route Railroad; (4) Zscout370.
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Justine
13 janvier 2018 at 00:27
Un petit trop jusqu’à Whitehorse, rien que pour le nom de cette ville, moi ça me plaît 😉
Jimmy
16 mai 2018 at 22:37
Refaire la ruée vers l’or!!!
Gaby
21 juillet 2018 at 06:18
J’y pensais tellement justement!
Jessie
2 janvier 2019 at 13:19
Tellement envie d’y aller!
Eabtanplanplan
25 juillet 2019 at 09:51
L’or du Klondike. J’ai lucky luke dans la tête
Arnaud
19 juin 2021 at 02:25
C’est un peu à l’autre bout du monde le Yukon, mais qu’est-ce que ça me chauffe d’y aller!!! 🙂
Houston MacDougal
21 juin 2021 at 00:21
Go, go, go!!! 😉