Tracez une ligne droite entre Montréal et Québec, au milieu, vous êtes à Trois-Rivières. Historiquement, la ville est la seconde plus ancienne cité du Québec et du Canada. Cependant, ne comptez pas trop voir les témoignages d’un passé riche, et qui fut érigé par les fondations d’une industrie forestière florissante. Non, car la ville a brûlé au début du siècle dernier. Presque intégralement. Mais rassurez-vous, tout n’a pas fini en cendre et de toute façon à Trois-Rivières, c’est devant qu’on regarde, pas en arrière.
L’atout-choc
Rien de moins que l’ancienne prison. Elle jouxte le musée québécois de la Culture populaire. En l’état depuis sa fermeture en 1986, vous plongerez dans un univers déroutant, crasseux, aux relents nauséabonds d’un milieu carcéral si vivant: les guides sont d’anciens détenus, et leurs récits fourmillent de détails aussi surprenants que dérangeants. Le sevrage des junkies, les luttes de pouvoir entre prisonniers, la surpopulation, les pipes clandestines et les maladies, rien n’est oublié puisque tout vous est dit, et tout est vrai. Pas d’ambages, c’est cru, puisque cette vie surtout était cruelle.
Au sous-sol, vous ferez le test du mitard. Certains vous diront que des hommes sont morts ici, ou ils se tairont s’ils veulent vous préserver. Dans une cellule pas assez haute pour se tenir debout, voutée, avec un sol en gravier rêche pour vous tailler le dos lorsque vous êtes allongé, les genoux et les paumes de mains, on comprend facilement pourquoi les prisonniers devenaient fous. Et ce noir, rien que le noir. Brutal.
Dans ces conditions, nous saisissons mal cet engouement certain, le petit caprice des esprits aseptisés à l’imagination fadasse, qui se paieront le luxe d’une nuitée sous un ciel sans étoile, mais avec des barreaux. Le grand frisson. Oui, car cette vieille prison renferme aussi un hôtel. On y dort, au chaud, on s’y réveille avec un petit déjeuner bien garni. Et nous ce délire, ça nous fout la gerbe… mais c’est notre côté sentimental. Finalement, nous sommes un peu trop romantiques.
Le Vieux Trois-Rivières
Il s’agit du centre historique resté intact de la ville, un site patrimonial classé par le gouvernement du Québec. On le trouve en bordure du fleuve Saint-Laurent, près de l’embouchure de la rivière Saint-Maurice. C’est charmant, il y a là de vieilles bâtisses, une cinquantaine pour être un peu plus précis, comme le manoir de Niverville, le fameux parc du manoir de Tonnancour et sa biennale de sculptures contemporaines, ou encore le monastère des Ursulines qui abrite une remarquable chapelle. On peut donc en visiter certains, souvent gratuitement, voire à moindre coût, il suffit de se renseigner à l’office du tourisme. Et puis, si la route 138 traverse ce petit quartier, vous l’aurez compris, c’est que le Chemin du Roy aussi. L’été, c’est accompagné d’un conteur que l’on peut parcourir le vieux Trois-Rivières.
La culture en mouvement
Entre Montréal et Québec, Trois-Rivières tente d’exister et tire son épingle du jeu. D’abord, chaque automne se tient l’étonnant Festival international de la Poésie. Et de la poésie justement on en trouve un peu partout dans la ville, jusqu’au Monument au poète inconnu. N’ayez crainte, vous avez bien lu. Une École nationale est dédiée à cette branche du 5ème art, tout comme des ateliers d’écriture. Ne jetons pas l’opprobre sur ces derniers, mais nous avons toujours douté de leur quelconque intérêt. Question d’inspiration qui selon nous ne s’apprend pas. Notons simplement qu’au moins ils existent, et que notre avis est discutable. Chaque année donc, un programme varié vient satisfaire les amoureux des belles lettres, et des choses un peu mièvres. Ô cliché. Non, à Trois-Rivière, la poésie est vivante et n’en déplaise, d’ailleurs, on vous invite à être un peu curieux avec ce singulier festival.
Il y a également le FestiVoix, véritable institution en Mauricie qui vient de fêter sa 20ème édition (2013). Pendant 10 jours de juillet, pas moins de 100 spectacles et concerts, 30 scènes extérieures et intérieures. Les rues devenues piétonnes, le temps du festival, s’animent dans un grand chambardement musical, culturel et festif. Il y en a pour tous les goûts, et toutes les sensibilités.
En octobre encore, c’est le temps du MetalFest, avec en guests des groupes aux consonances rieuses et fleuries comme: Inhuman; Tribunal, Suffocation; Insurrection ou encore, mon préféré, Hatebreed, qui littéralement signifie « race haineuse ». Il y a du Hellfest dans l’air et l’on se croirait, l’espace d’un instant, revenu dans les tréfonds de Loire-Atlantique. Du bonheur pour les aficionados du genre.
Bref, on bouge à Trois-Rivières! Et s’il faut vous en convaincre, le non moins excellent site de la ville dédié à la culture parachèvera la démonstration, il y a encore tant de choses qu’on vous laisse le soin de découvrir tout ça en prenant le temps..
Crédits photo: iWeb, Musée québécois de la Culture populaire, Benoit Aquin.
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Vince. A
16 décembre 2013 at 12:37
Je confirme, le mitard de la prison fout vraiment les jetons!!
Sylvie D
25 décembre 2013 at 11:22
Je n’ai pas vu le mitard! Par contre, il y a une expo très intéressante au musée québécois de la culture populaire. Elle s’intitule « Québec en crimes » avec une partie sur les sciences médico-légales et judiciaires, au premier étage. C’est très instructif et ludique à la fois. Vous serez transporté au coeur des grandes enquêtes criminelles qui font partie de la mémoire collective québécoise. Et si, vous avez une âme d’artiste, alors laissez vous tenter et laissez votre empreinte sur un des grands murs qui entoure le musée. C’est un espace spécialement dédié à qui veut participer à cette oeuvre artistique collective. Toute le monde y est le bienvenu.Si vous regardez bien, peut-être verrez vous le petit dessin que l’ai laissé à la postérité de Trois-Rivière en août dernier.
cabral da moura
3 novembre 2014 at 08:04
bonjour
nous avons le projet de installer au canada nous venons de Paris nous avons entendue que du bien du canada
Patator
22 mars 2015 at 18:35
En suivant le chemin du Roy on s’y est arrêté. Une ville-étape plutôt sympa entre les deux grandes villes québécoises.
Marie.
12 février 2017 at 13:12
J’ai trouvé cette ville assez charmante même s’il est vrai qu’on a tendance à ne pas trop s’y arrêter.
Judy
30 mars 2018 at 15:15
La visite de la prison c’est vraiment bien!
Salvador
31 mai 2018 at 13:46
Pas mal c’est vrai, mais pour nous ça n’a été qu’une ville étape car entre Montréal et Québec la comparaison fait plutôt mal!
Annabelle
18 mai 2019 at 07:31
Cents une ville étape beaucoup plus qu’une véritable destination
Jessie
8 octobre 2019 at 16:43
Oui mais quand on s’y arrête y’a pas non plus rien à faire
zoé
20 juillet 2020 at 06:42
Assez d’accord avec Annabelle, mais à en croire les autres commentaires et l’article, la prochaine fois je m’y arrêterai
Mario
10 avril 2023 at 15:02
Entre Québec et Montréal on peine à tirer notre épingle du jeu