Falling down
Devant le Métropolis* les silhouettes se désagrègent et s’en vont renaître dans les rires de sales morveux qui pour troubler le fil de l’eau jetaient des pierres. C’est l’insouciance de la jeunesse, comme les sentiments le renouveau des âmes en laisse qui s’étaient quittées devant leurs rêves inachevés. Qui s’étaient lassés de leurs promesses inavouées.
Tu es là, je me rappelle combien je t’ai aimée. Je suis là, et tu m’appelles comme un indic dont les bons mots sont négociés.
Je fouille dans mes poches pendant qu’elle me bafouille qu’est-ce que c’est poche.
La tête un peu baissée, un peu confuse :
« On aurait vraiment pu être bien, »
« Toi et moi. »
« À s’regarder, à voir demain, »
« Avoir un toit. »
Moi, t’avoir toi, mais j’réponds rien.
Alors je fouille au fond du vide à la recherche d’un beau souvenir, j’en ai plein, d’une piasse, d’un bonbon bulle de gomme et sa futile lueur d’espoir, un moment d’abandon sucré, d’une dose de frisson et ce poison inaltéré. Mais fallait-il qu’on s’aime si fort ?
Le fallait-il ?
Quand elle traverse déjà la rue tenant la main d’Elisabeth, du vert d’où la nature s’éprend, et où fleurit la belle histoire, le funeste trépas d’un enfer ascendant pose à son bras la marque noire.
Quand elle traverse déjà la rue tenant dans sa main de la meth, je lui fixe sur les épaules et sur le cœur un peu de moi, mais elle n’en saura rien.
Je la suis, je la stalk. Je la traque, la chasserai jusqu’à l’aube, jusque dans sa tanière où ses entrailles sont à la vue des aruspices en herbe. Et je la lirai comme je viens de la lire. Je l’arracherai peut-être à ça et ferai feu de ma curiosité morbide. Toi que j’ai tant aimée.
Je t’arracherai peut-être à ça.
The devil left early.
Dans son sillage, louvoyant sous les vagues j’avance à pas de loup. Ma louve, j’étais à toi. Elle disparaît dans les ruines et dans les ombres qui dansent autour de moi un bloc s’écroule, mais le Métropolis est toujours là.
Les briques sont rouges, le fard se dessèche, la peau s’écaille quand le repère des bêtes sommeille. Puis c’est l’éclat de rire, une folle averse dans le silence d’un nid plus haut, la sourde ivresse venue briser les agonies comme un jet de pierre le fil de l’eau.
Puis les mensonges.
Se r’garder dans le blanc des yeux, s’dire qu’on fera mieux la prochaine fois, et qu’on repart à zéro.
Dans la poussière, les décombres, dans la puanteur, l’offrande aux Dieux d’un autre monde une lame aurait pu m’arrêter, m’ouvrir le ventre, taire à jamais cet animal qu’il fallait pourtant sacrifier.
Un éclat de rire. Une bousculade. Des immondices. Un chat noir.
Je monte les escaliers, je trouve enfin la chambre.
Ils vont, ils viennent, au beau milieu des détritus, ils font l’amour sous perfusion sans se soucier de l’anathème. Ils dealent de quoi…
Idylle de toi.
*Salle de spectacle, aujourd’hui le MTellus.
Inspiré d’une session d’Urbex : Montréal Squat.
Amandine
15 janvier 2021 at 09:46
Woa! ¨Puissant!
Arnaud
24 janvier 2021 at 11:14
Je kiffe ces chroniques 🙂
Lorie
17 septembre 2022 at 09:43
J’aime !
Houston MacDougal
18 septembre 2022 at 08:52
😉